LOUIS DE FUNES


Louis de Funès, de son nom complet Louis Germain David de Funès de Galarza, est un acteur français né le31 juillet 1914 à Courbevoie (Hauts-de-Seine) et mort le 27 janvier 1983 à Nantes (Loire-Atlantique).

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Ayant joué dans plus de cent quarante films, il est l’un des acteurs comiques les plus célèbres du cinéma français de la seconde moitié duxxe siècle et le champion incontesté du box-office français des années 1960 et 1970, attirant plus de cent cinquante millions de spectateurs dans les salles1.

Après presque vingt ans sur les planches et devant les caméras dans de nombreux seconds rôles, il impose son personnage de Français moyen impulsif, râleur, au franc-parler parfois dévastateur, à la fin des années 1950 dans La Traversée de Paris.

Dans les deux décennies qui suivent, on retrouvera une suite de succès populaires parmi lesquels la saga du Gendarme de Saint-Tropez, la Trilogie FantômasLe CorniaudLa Grande VadrouilleOscarLa Folie des grandeursLes Aventures de Rabbi Jacob ou encore L’Aile ou la Cuisse. Outre la France,

les films de Louis de Funès ont connu un grand succès dans divers pays européens, même si sa popularité mettra quelques années avant de traverser l’Atlantique. Il a également adapté quelques scénarios au cinéma et coréalisé un film, L’Avare, en 1980.

Une famille exilée[

Louis de Funès est né le 31 juillet 1914 à Courbevoie (Hauts-de-Seine) près de Paris. Il est le troisième enfant de Carlos Luis de Funès de Galarza (1871 – Málaga19 mai 1934) et Leonor Soto y Réguéra (Ortigueira21 janvier 1878 – Montmorency25 octobre 1957), arrivés d’Espagne en 1904 après que son père eut enlevé sa mère, la famille de celle-ci s’opposant à leur union3.

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Ses deux aînés sont Marie (Maria Teolinda Leonor Margarita), née à Courbevoie le 20 juillet 1907 et morte à Paris le 28 octobre 1993, mariée en secondes noces avec le réalisateurFrançois Gir, et Charles (Carlos Téolindo Javier), né à Courbevoie le 12 septembre 1908 et décédé à Rethel en 1939, « fauché par une mitrailleuse allemande ».

Personnage un peu fantasque, son père, qui ne peut plus exercer sa profession d’avocat depuis son installation en France, s’improvise diamantaire avant de partir plusieurs années au Venezuela, « dans l’espoir de faire prospérer ses affaires», d’où il revient rongé par la tuberculose avant de mourir seul en Espagne en 1934. Sa mère, en revanche, est le premier professeur de comédie de Louis :

« Il arrivait à ma mère de me courser autour de la table en criant « Yé vais té touer ». Dans sa façon d’être et d’agir, elle possédait, sans le savoir, le génie des planches. »

— Louis de Funès, de Funès et de Funès 2005

Elle lui donne également ses premières leçons de piano à l’âge de 5 ans. Le jeune Louis passe toute son enfance à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), où il fréquente l’école Jules-Ferry.

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En 1930, à 16 ans, après des études secondaires moyennes au lycée Condorcet et sur les conseils de son frère, devenu fourreur, de Funès entre à l’École professionnelle de la fourrure, située près de la place de la Bastille, mais il en est renvoyé pour chahut4. Il travaille ensuite chez plusieurs fourreurs, exerce successivement différents métiers, mais, à cause de ses renvois systématiques et par lassitude de ses frasques professionnelles, ses parents l’inscrivent en 1932 à l’École technique de photographie et de cinéma, située à deux pas de son domicile, où il choisit la section cinéma. Dans les cours, il a notamment pour condisciple Henri Decaë qui fut, bien plus tard, directeur de la photographie sur plusieurs de ses films.

« Louis de Funès était quelqu’un qui n’était pas expansif à la ville. Chaque fois que nous nous rencontrions pour un nouveau film, il me redisait quelques formules chimiques apprises à l’ETPC vingt ou trente ans auparavant, en 1933, dont ce nom de produit qui le faisait hurler de rire, « hyposulfide de soude ». Ceci en imitant le professeur strict qui nous en enseigna les propriétés… C’était comme une connivence entre nous ! »

Finalement, il est renvoyé pour incendie volontaire. Commence alors un cycle de périodes de chômage et d’emplois d’où il finit toujours par se faire renvoyer. « Après avoir abandonné ses études secondaires, mon père avait exercé toutes sortes de petits métiers. Je me demande s’il ne les enjolivait pas un peu dans ses interviews car à la maison il n’en parlait jamais », expliquera son fils Olivier de Funès.

Le 27 avril 1936, il épouse à Saint-Étienne sa première femme, Germaine-Louise-Élodie Carroyer (Paris, 7 mars 1915 – Clermont28 septembre 2011). Un enfant naît de cette union le 12 juillet 1937, Daniel-Charles-Louis, mais le couple se sépare très vite, même si le divorce n’est prononcé que le 13 novembre 19429. Bientôt, Louis se fait engager comme pianiste de bar et rencontre Eddie Barclay 4 : « Louis de Funès, comme moi, ne déchiffrait pas la musique. Il avait de l’oreille. C’était un excellent musicien. Il ne parlait pas un jour d’être comédien » Il joue dans un grand nombre d’établissements, enchaînant des soirées de douze heures, payé à la coupelle ou touchant un cachet de misère.

« Je l’ai rencontré en 1942 lorsqu’il était pianiste à la Madeleine. Dans un bistrot à Bagatelle, il tenait le piano à quatre mains. Lorsque ce dernier jouait seul, de Funès montait sur le piano et chantait12. »

— Le cinéaste Georges Lautner se souvient.

Il se servira de cette capacité dans certains de ses films, tels que La Rue sans loiFrou-FrouLe CorniaudLa Grande VadrouilleLe Grand Restaurant ou encore L’Homme orchestre.

Premiers pas sur scène

En 1942, à l’âge de 28 ans, il décide de devenir comédien, et s’inscrit au cours Simon, réussissant son concours d’entrée grâce à une interprétation d’une scène des Fourberies de Scapin, de Molière. Même s’il n’y fait qu’un court passage, il croise dans le cours d’autres apprentis comédiens, comme Daniel Gélin, qui lui permet de débuter plus tard dans la pièce L’Amant de paille de Marc-Gilbert Sauvajon.

« Un hasard prodigieux. Je descendais d’un wagon de première dans le métro et Daniel Gélin, déjà croisé au cours René-Simon, montait dans un wagon de seconde. La porte allait se refermer lorsqu’il me crie : « Téléphone-moi demain. J’ai un petit rôle pour toi». »

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— Louis de Funès

Daniel Gélin donnera cependant une version un peu différente de leur rencontre sur le quai de métro dans son autobiographie. À côté de quelques petites figurations théâtrales, l’acteur se démène pour gagner sa vie grâce à ses activités de pianiste, donnant parfois des cours le jour, puis jouant la nuit à travers le Paris nocturne. Il se remarie en 1943 avec Jeanne-Augustine Barthélemy. Le couple habite un petit deux-pièces au 42, rue de Maubeuge. En 1944, il a un deuxième fils, Patrick, et en 1949 un troisième, Olivier, qui tiendra quelques rôles au côté de son père, au cinéma comme au théâtre.

En 1945, toujours grâce à Daniel Gélin, que de Funès surnommait « Ma Chance » lorsqu’il le croisait16, il débute au cinéma dans La Tentation de Barbizon, de Jean Stelli. Dans le petit rôle du portier du cabaret Le Paradis, il prononce sa première réplique à l’écran en voyant un client (interprété par Pierre Larquey) qui essaye de passer à travers une porte fermée : « Ben, il a son compte celui-là, aujourd’hui ! » L’acteur enchaîne dès lors silhouettes, figurations et petits rôles. Quelquefois, il incarne même plusieurs personnages dans un même film, comme pour Du Guesclin de Bernard de Latour, en 1948, où il tient tour à tour les rôles de mendiant, de chef de bande, d’astrologue et de seigneur17. En 1949, il joue dans Pas de week-end pour notre amour, une comédie conçue autour du ténor-vedette de l’époque, Luis Mariano ; de Funès y tient le rôle secondaire du domestique-pianiste du baron (joué par Jules Berry), ce qui lui permet d’accompagner à l’écran des airs d’opérettes et autres morceaux de facture classique, mais également de jazz.

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L’ascension

En 1950, il est pianiste-comédien dans la troupe Les Burlesques de Paris de Max Révol lorsque Sacha Guitry lui confie plusieurs petits rôles, notamment dans La Poison (1951),Je l’ai été trois fois (1952), Si Paris nous était conté (1955) et surtout La Vie d’un honnête homme (1953), où il a un rôle un peu plus consistant de valet de chambre « obséquieux et fourbe, presque inquiétant l’espace d’un plan». Dans ce film, son personnage s’affine un peu plus — « il apparaît “ au naturel ”, sans grimace ni moustache» — et il est associé pour la première fois à Claude Gensac. En 1952, il rejoint la troupe des Branquignols dirigée par Robert Dhéry, bien que les circonstances de la rencontre entre de Funès et Dhéry varient considérablement en fonction des auteurs. Il débute d’abord dans la revue Bouboute et Sélection.

« En 1952, mon père jouait La Puce à l’oreille de Feydeau […]. À la fin de la représentation, mon père courait au petit théâtre Vernet […] pour apparaître dans le premier sketch de Bouboute et Sélection […] puis, il reprenait le métro pour rejoindre le cabaret où il incarnait un clochard »

Puis il officie dans Ah ! les belles bacchantes en 1953. Cette revue obtient un grand succès – deux années de représentations – et contribue à le faire connaître. De plus, intégré dans une troupe dédiée au comique, l’acteur va perfectionner sa technique. Il tourne ses premiers films en couleurs l’année suivante dans l’adaptation à l’écran du spectacle par Jean Loubignac, mais aussi dans La Reine Margot de Jean Dréville, tourné avant mais sorti en salles après. Cette même année, il joue face à Fernandel dans Le Mouton à cinq pattes d’Henri Verneuil et pour la première fois face à Bourvil dans Poisson d’avril de Gilles GrangierJean-Paul Le Chanois, après lui avoir confié deux petits rôles dans Sans laisser d’adresse (1951) et Agence matrimoniale (1952), lui offre le second rôle

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de M. Calomel dans la comédie populaire à succès Papa, maman, la bonne et moi(1954) et sa suite Papa, maman, ma femme et moi (1956).

En 1956, il obtient un début de reconnaissance au cinéma dans La Traversée de Paris, de Claude Autant-Lara, où il joue l’épicier Jambier. Il s’impose avec force face à Jean Gabin et Bourvil, dans une prestation de quelques minutes au cours de laquelle il dessine en quelque sorte son futur personnage : lâche devant « le fort »(Jean Gabin) et colérique devant « le faible » (Bourvil). Même si le film a atteint aujourd’hui le statut de film culte, il connaît à sa sortie un succès public pour son « discours continûment ambivalent ». Dès l’année suivante, Maurice Regamey lui offre son premier rôle principal dans Comme un cheveu sur la soupe. Son interprétation d’un compositeur suicidaire vaut à l’acteur le Grand Prix du rire 1957, sa première récompense et le film, « petite production sans prétention, qui aurait dû passer inaperçue, […] tient l’affiche de très longues semaines20. » Toujours en 1957, il est la tête d’affiche de Ni vu, ni connu, d’Yves Robert, dans le rôle du braconnier Blaireau. Accompagné de son chien Fous le camp, cet« avatar rural de Guignol21 » brave toutes les formes d’autorité et finit toujours par échapper au garde-chasse. Le film est un beau succès à sa sortie et vaut à l’acteur quelques articles laudateurs dans la presse, à l’instar de l’hebdomadaire France Dimanche, qui, dans son numéro du 20 septembre 1957, titre à la une :

Il tient encore un rôle principal en 1958 dans Taxi, Roulotte et Corrida, d’André Hunebelle, tourné en Espagne, qui connaît un certain succès avec 2,542 millions d’entrées. Pourtant, la progression de sa carrière au cinéma marque une pause, et l’acteur va retourner à des films ou des rôles moins importants pour quelque temps.

louis_de_funes_adriansen_premium-204x300Deux rôles décisifs

C’est d’abord au théâtre que la carrière du comédien va connaître une nouvelle accélération. Depuis ses débuts, l’acteur ne s’est jamais éloigné des planches et il reprend notamment, en 1957, aux côtés de Danielle Darrieux et Robert Lamoureux, le rôle créé par Raimu dans Faisons un rêve de Sacha Guitry. Le biographe de l’auteur, Jacques Lorcey, note : « Ce sera la dernière grande joie de notre Sacha [Guitry][…] Ce succès, obtenu par des vedettes tellement différentes des créateurs lui apporte la certitude que son théâtre lui survivra. »

En septembre 1959 pour les tournées Karsenty, il débute les répétitions d’Oscar, une pièce de Claude Magnier créée à Paris l’année précédente avec Pierre Mondy et Jean-Paul Belmondo. À partir du 1er octobre, commencent les cent jours d’une tournée en province et au Maghreb. Le succès est tel qu’on lui propose de reprendre la pièce à Paris en janvier1961. D’abord hésitant, il accepte finalement23. La pièce est un énorme succès et sur scène, il multiplie les improvisations et les prouesses physiques :

« Louis [de Funès] était carrément génial dans Oscar. Génial d’invention, de burlesque. Il avait amélioré le rôle. »

— Pierre Mondy, créateur du rôle repris par de Funès.

L’acteur reprendra « ce rôle fétiche » dans l’adaptation cinématographique de la pièce réalisée par Édouard Molinaro en 1967, puis à nouveau sur scène au début des années 1970 dans une mise en scène de Pierre Mondy.

En parallèle, il continue à tourner au cinéma comme en 1961 dans un petit rôle de barman dans Le crime ne paie pas, le troisième film réalisé par Gérard Oury. Lors du tournage, alors qu’il tient le seul rôle comique du film, de Funès essaie de convaincre le réalisateur qu’il est fait pour tourner des films comiques : « Quant à toi, tu es un auteur comique, et tu ne parviendras à t’exprimer vraiment que lorsque tu auras admis cette vérité-là. » L’année suivante, il incarne un restaurateur colérique et cupide face à Jean Gabin dans Le Gentleman d’Epsom de Gilles Grangier. En 1963, il retrouve la tête d’affiche avec Pouic-Pouic, l’adaptation par Jean Girault de la pièce de boulevard Sans cérémonie, qu’il avait écrite avec Jacques Vilfrid. De Funès avait participé à la création de la pièce en 1952 – il tenait le rôle du maître d’hôtel incarné par Christian Marin dans le film – mais la pièce n’avait pas connu le succès. Finalement, malgré cet insuccès et les difficultés rencontrées par le réalisateur auprès des producteurs pour monter le projet autour de l’acteur, ce film lui permet de retrouver un large public et marque le départ de la seconde partie de sa carrière qui ne verra plus sa popularité fléchir.

Dans Oscar comme dans Pouic-Pouic, de Funès incarne un homme aisé et irascible, ayant des difficultés avec sa progéniture : il décline son « personnage fétiche inspiré duPantalon » de la commedia dell’arte27. Il a alors créé son personnage comique : colérique, autoritaire, grimaçant, tout en énergie et « a gommé certaines outrances qui le parasitaient dans les années 1950. »

gendarme

Consécration

Pouic-Pouic où de Funès incarne un boursicoteur harcelé par les histoires de famille et les péripéties domestiques, marque aussi le début de sa collaboration avec le réalisateurJean Girault, également musicien qui le fera jouer dans douze films : Pouic-Pouic (1963), Faites sauter la banque ! (1964), la série des Gendarme (six films entre 1964 et 1982),Les Grandes Vacances (1967), Jo (1971), L’Avare (1980) et La Soupe aux choux (1981). Malgré les réticences des producteurs qui auraient préféré Darry Cowl ou Francis Blanche, Girault impose de Funès dans le rôle de Ludovic Cruchot, le héros du Gendarme de Saint-Tropez. Le film rencontre un succès considérable et installe l’acteur en haut du box-office pour la première fois. À peine deux mois plus tard, de Funès triomphe à nouveau dans le rôle du commissaire Juve de Fantômas. Dans ce film, construit sur la double composition (Fantômas/Fandor) de Jean Marais dans le premier rôle, de Funès transfigure son personnage et éclipse ses partenaires. Pendant que les succès populaires s’accumulent, il tourne Le Corniaud, réalisé par Gérard Oury, et où il partage l’affiche avec Bourvil. La sortie du film en mars 1965 est un nouveau triomphe (près de douze millions de spectateurs). En 1966, il joue le rôle d’un directeur de restaurant dans Le Grand Restaurant puis d’un chef d’orchestre tyrannique de la France occupée dans La Grande Vadrouille, de nouveau avec Bourvil comme partenaire et Oury comme réalisateur. Le film connaît un succès colossal et a longtemps détenu le record du plus grand nombre de places de cinéma vendues en France (plus de 17 millions de spectateurs).

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S’appuyant sur sa nouvelle popularité, certains de ses films ressortent sous de nouveaux titres. Ainsi, en janvier 1969, ressortent Les Bons Vivants de Gilles Grangier (1965) sous le titre Un grand seigneurCertains l’aiment froide de Jean Bastia (1959) sous le titre Les râleurs font leur beurre etDans l’eau qui fait des bulles de Maurice Delbez (1961) sous le titre Le garde-champêtre mène l’enquête.

La Folie des grandeurs de Gérard Oury doit marquer les retrouvailles de de Funès et Bourvil, mais la mort de ce dernier interrompt le projet. Simone Signoret suggère alors le nom de Yves Montand à Oury34, qui perçoit le potentiel du duo :

. Le tournage démarre après quelques modifications du scénario, et le film est un grand succès avec plus de 5,5 millions d’entrées à sa sortie en 1971.

 Retour au théâtre

Fin novembre 1971, au théâtre du Palais-Royal, il reprend Oscar, qu’il joue presque chaque soir, avec son fils Olivier, jusqu’à septembre1972 avec une interruption pendant l’été (Oscar est jouée plus de quatre cents fois). À partir de mars 1973, il s’investit énormément dans le tournage des Aventures de Rabbi Jacob qui sort le 18 octobre de la même année, en acceptant de danser le célèbre ballet hassidique. C’est un nouveau triomphe avec plus de sept millions de spectateurs. Le lendemain, le comédien est à nouveau sur les planches à la comédie des Champs-Élysées, pour ce qui fut sa dernière apparition au théâtre. Jusqu’au 25 avril 1974, il joue presque deux cents fois la pièce de Jean AnouilhLa Valse des toréadors.

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À partir de là, il se repose au château de Clermont où le couple de Funès est souvent allé en vacances, car il était la propriété de Charles Nau de Maupassant, époux d’une tante paternelle de Jeanne de Funès, qui à la mort de celle-ci en 1963 hérite de la moitié du château. Après négociations avec les co-héritiers, le couple peut acquérir en 1967 le château inhabité depuis six ans, situé au Cellieren Loire-Atlantique ; il jardine beaucoup et refuse d’entreprendre quoi que ce soit en prévision du tournage très physique du prochain film de Gérard Oury. Dans Le Crocodile, dont le premier tour de manivelle est prévu pour mai 1975, il doit jouer le rôle d’un dictateur sud-américain, « un petit colonel cupide, teigneux, couard avec des faiblesses : le fric, sa femme, son fils »

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Santé précaire

Le 21 mars 1975, alors que de Funès est au théâtre en représentation de La Valse des toréadors, il ressent une douleur dans le bras. Il a alors une tension artérielle qui préoccupe ses proches. Le 30 mars, après avoir ressenti quelques jours avant une douleur à la poitrine, celui-ci est admis à l’hôpital Necker, où les douleurs reprennent. Les médecins diagnostiquent à ce moment un infarctus Cela l’oblige à stopper les représentations de la pièce et la pré-production du film Le Crocodile qui est très avancée. Il doit ralentir son rythme de travail et renonce définitivement à sa carrière théâtrale, incompatible avec son état. Sa carrière au cinéma est aussi compromise car outre sa condition physique amoindrie, les risques de rechute font que les assureurs ne veulent plus prendre le risque de le couvrir pour un film. Déterminé, le producteur Christian Fechnerréussit finalement à obtenir un accord pour une assurance de deux semaines et prend le risque de produire L’Aile ou la Cuisseavec seulement une petite partie du tournage assurée. Pour le grand retour de Louis de Funès, Christian Fechner souhaite attribuer le rôle de son fils Gérard, le partenaire principal, au nouveau comique montant du cinéma français : Pierre Richard. Ce dernier va revenir sur son accord après avoir lu le scénario. Il expliquera par la suite que son rôle ne lui plaisait pas et que le scénario dans son ensemble ne l’avait pas convaincu. Ce sera donc finalement Coluche qui partagera l’affiche avec de Funès. Lorsque le film sort le 27 octobre 1976, le public français plébiscite son retour – presque six millions d’entrées.

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L’acteur continue à tourner mais à un rythme beaucoup moins soutenu qu’à ses débuts, comme La Zizanie avec Annie Girardot en 1978 ou Le Gendarme et les Extra-terrestres en1979. Il appréhende son comique d’une nouvelle manière, parce que reconnaît-il :

« […] je ne peux plus faire de la brutalité. Cette brutalité, cette colère est un produit que j’avais fabriqué pour un rôle et tous les metteurs en scène m’ont demandé ce produit […] Désormais, ce comique ne m’intéresse plus »

Son médecin est toujours sur le plateau, ainsi qu’une ambulance.

En 1980, le comédien réalise un vieux rêve : adapter au cinéma une pièce de Molière et en réaliser une version à son image. C’est ainsi que L’Avare arrive sur les écrans de cinéma, mais ne rencontre qu’un modeste succès auprès du public (en 1964 déjà, il avait enregistré sur un disque 33 tours six textes de pièces de Molière, dont des extraits de L’Avare, et dix fables de Jean de La Fontaine). Cette même année 1980, il reçoit cependant un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, des mains de Jerry Lewis. Plus tard, un de ses fils lui conseille de lire un roman de René Fallet intitulé La Soupe aux choux qui, selon lui, a le potentiel pour pouvoir « faire un bon film ». Une adaptation au cinéma est tournée en compagnie de Jean Carmet et de Jacques Villeret, qui connaîtra un beau succès au box-office (3 093 319 entrées).

Le Gendarme et les Gendarmettes est son dernier film. En décembre 1982, il part en famille quelques jours à la montagne, mais l’altitude le fatigue beaucoup. Dans la soirée du 27 janvier 1983, il part se coucher car il se dit très fatigué. En réalité victime d’un nouvel infarctus, il est emporté d’urgence en ambulance au Centre hospitalier universitaire de Nantes où il décède à vingt heures trente. Tous les médias ont fait leur une sur ce qui est vécu comme un drame national.

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Bien que les obsèques soient prévues « dans la stricte intimité », plus de 3 000 personnes sont présentes dans l’église Saint-Martin du Cellier, bondée, dont certains compagnons de jeu comme Jean Carmet ou Michel Galabru mais également des personnalités comme Mme Giscard d’Estaing, la femme de l’ancien président de la République. Il est enterré au cimetière du Cellier le 29 janvier 1983.

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Louis de Funès travaillait à cette époque sur le projet de film Papy fait de la résistance, qui lui sera dédié. Il devait en effet en incarner le rôle-titre, mais suite à son décès, c’est son vieux complice des Gendarmes, Michel Galabru, qui obtient le rôle. En hommage au comique, de nombreux comédiens ayant tourné avec lui, notamment Jacqueline Maillan,Jacques VilleretJean-Claude Brialy, Jean Carmet, Jacques François et Julien Guiomar, font une apparition dans le film

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Film

Année

Réalisateur

Classement

Nombre d’entrées

no 1 du box-office annuel

La Grande Vadrouille

1966

Gérard Oury

1er

17 272 987

Le Corniaud

1965

Gérard Oury

1er

11 740 438

Le Gendarme de Saint-Tropez

1964

Jean Girault

1er

7 809 334

Les Aventures de Rabbi Jacob

1973

Gérard Oury

1er

7 295 811

Les Grandes Vacances

1967

Jean Girault

1er

6 986 917

Le gendarme se marie

1968

Jean Girault

2e

6 828 626

Le Livre de la jungle (15 288 124)

Le Gendarme et les Extra-terrestres

1979

Jean Girault

1er

6 280 070

Oscar

1967

Édouard Molinaro

2e

6 122 041

Les Grandes Vacances (6 986 917 entrées)

L’Aile ou la Cuisse

1976

Claude Zidi

2e

5 842 400

Les Dents de la mer (6 261 327 entrées)

La Folie des grandeurs

1971

Gérard Oury

4e

5 563 160

Les Aristochats (12 481 726 entrées)

Le Petit Baigneur

1968

Robert Dhéry

4e

5 542 796

Le Livre de la jungle (15 288 124 entrées)

Le Gendarme à New York

1965

Jean Girault

4e

5 495 045

Le Corniaud (11 740 438 entrées)

La Traversée de Paris

1956

Claude Autant-Lara

4e

4 893 174

Michel Strogoff (6 868 854 entrées)

Le Gendarme en balade

1970

Jean Girault

1er

4 870 673

Fantômas

1964

André Hunebelle

5e

4 492 419

Le Gendarme de Saint-Tropez (7 809 334 entrées)

Le Gendarme et les Gendarmettes

1982

Jean Girault

4e

4 209 139

E.T. l’extra-terrestre (7 881 332 entrées)

Fantômas se déchaîne

1965

André Hunebelle

6e

4 163 000

Le Corniaud (11 740 438 entrées)

Le Grand Restaurant

1966

Jacques Besnard

8e

3 878 520

La Grande Vadrouille (17 270 304 entrées)

Fantômas contre Scotland Yard

1967

André Hunebelle

5e

3 557 971

Les Grandes Vacances (6 986 917 entrées)

Hibernatus

1969

Édouard Molinaro

5e

3 366 973

Il était une fois dans l’Ouest (14 862 764 entrées)

Le Tatoué

1968

Denys de La Patellière

8e

3 211 778

Le Livre de la jungle (15 288 124 entrées)

La Soupe aux choux

1981

Jean Girault

9e

3 093 319

La Chèvre (7 080 137 entrées)

La Zizanie

1978

Claude Zidi

9e

2 798 787

Midnight Express (5 973 695 entrées)

Taxi, Roulotte et Corrida

1958

André Hunebelle

?

2 542 671

Les Dix Commandements (14 229 745 entrées)

Ni vu, ni connu

1958

Yves Robert

?

2 510 837

Les Dix Commandements (14 229 745 entrées)

Jo

1971

Jean Girault

13e

2 466 966

Les Aristochats (12 481 726 entrées)

L’Avare

1980

Jean Girault et
Louis de Funès

12e

2 433 452

La Boum (4 378 430 entrées)

Pouic-Pouic

1963

Jean Girault

15e

2 169 854

La Grande Évasion (8 756 631 entrées)

L’Homme orchestre

1970

Serge Korber

15e

2 141 879

Le Gendarme en balade (4 870 673 entrées)

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